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Directive vie privée-vie professionnelle : il faut y aller !

CONGE PARENTAL : Si l’on en doutait, l’Europe est indispensable pour l’égalité entre les femmes et les hommes.

 En 2011, une enquête lancée par le Ministère des Solidarités et de la Cohésion sociale* nous révélait que sur 34 000 personnes interrogées sur la parentalité, 50% des répondants se reconnaissaient dans un modèle parental égalitaire mais ils avouaient aussi être en attente d’un soutien plus marqué des entreprises et d’un renforcement du congé de paternité.

 

Voici qu’en 2018 ce sont les syndicats qui prennent la parole en France pour dénoncer l’opposition de la France à la directive européenne proposant une meilleure rémunération des congés familiaux. Ce texte de la Commission Européenne approuvé par les Chefs d’État en novembre 2017, prévoit d’imposer à tous les États membres trois types de congés : un congé de paternité de dix jours à la naissance de l’enfant ; un congé parental de quatre mois pour chaque parent pouvant être pris en une ou plusieurs fois jusqu’au douzième anniversaire de l’enfant et un droit à cinq jours de congés par an pour tout salarié « pour s’occuper des proches gravement malades ou en situation de dépendance ». Ces deux derniers congés seraient assortis d’une rémunération égale à celle de congés maladie, c’est là que se trouve le nœud du problème. La réponse de notre président ne se fait pas attendre : « C’est une belle idée qui peut très vite être insoutenable ». et d’expliquer. » J’en approuve le principe mais les modalités ont un coût qui est potentiellement explosif pour le système français*». Il a aussi annoncé que la France ferait une proposition.

 

Que s’est-il donc passé pour que le sujet fasse la une des médias et l’objet de discussion avec les syndicats. Depuis la loi du 4 Juin 1970 positionnant le père comme seule puissance paternelle, la société a dû modifier ses codes devant l’entrée massive des femmes dans le monde du travail. La génération Y que j’avais interrogée en 2012* avec l’association « Women Up » était déjà celle qui réclamait un équilibre vie privée vie professionnelle. Quant aux hommes de cette génération, une seconde enquête* montrait qu’à 80% ils étaient prêts à ralentir leur carrière pour s’occuper des enfants temporairement mais que la pression des entreprises et les faibles taux de remboursement de ces congés les empêchaient de mettre leur souhait à exécution. Résultat, ce sont encore les femmes qui sont pénalisées alors que les hommes évoluent sur ce chapitre.

 

On sait très bien que pour qu’une société progresse, il faut que le politique, l’économique et la société avancent ensemble. Il faut des lois, mais aussi une volonté de la population.

Dans notre situation, la volonté de la population existe, les enquêtes le montrent, mais l’économie et le politique ne sont pas au rendez-vous. Les entreprises dénigrent les hommes qui s’occupent de leurs enfants les considérant peu engagés dans leur métier, et le politique considère que cela coute.

 

Certes l’égalité tout comme la santé, l’éducation, la défense ou la justice ont un coût.

Mais au-delà, il existe aussi des freins au sein de l’Europe à une réelle égalité, voire des régressions que nous pourrions craindre. La France qui en a conscience se doit de montrer l’exemple, d’être en avance sur les droits des femmes pour que les femmes telles que Simone de Beauvoir, Simone Veil, Elisabeth Badinter ou Gisèle Halimi n’aient pas travaillé pour rien.

 

Muriel de Saint Sauveur

Présidente de Women Masterclass

 

·      http://circulaire.legifrance.gouv.fr/pdf/2012/04/cir_35128.pdf

·      https://www.lesechos.fr/economie-france/social/0301627806371-directive-vie-privee-vie-professionnelle-les-syndicats-denoncent-lopposition-de-la-france-2173243.php

·      Enquête menée en 2012 avec L’association Women Up : la révolution Y ?

 

·      Enquête menée en 2013 avec l’association Women Up : que pensent les hommes ?

 

Photo VL