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La présidence française du G7 au mépris de l'idée de Clause de l'Européenne la plus favorisée !

L'annonce des orientations de la Présidence française du G7 sur les droits des femmes laisse un goût amer :  le principe de "bouquet législatif" adopté et les éléments de langage sont la reprise de notre travail sur la Clause de l'Européenne la plus favorisée... Mais dans une vision dénaturée et sans égard pour l'auteure de l'idée, Gisèle Halimi, ni pour notre travail associatif sur cette question depuis 15 ans. Voici notre communiqué.

 

 

 

 

COMMUNIQUE DE PRESSE

 

 

 

La Présidence française du G7 promeut un mécanisme imaginé par Gisèle Halimi et élaboré par son association Choisir, sans préciser qu’il est emprunté à l’une des grandes figures du féminisme français et en le vidant de sa substance.

 

 

 

Co-auteures avec Gisèle Halimi, de La Clause de l’Européenne la plus favorisée, parue en 2008 aux Editions des femmes, nous animons le site YesWomen.eu qui est consacré à ce projet d'harmonisation par le haut des droits des femmes dans l'UE. 

 

 

 

Ce projet associatif, auquel nous travaillons bénévolement depuis 2004 avec Gisèle Halimi qui en est à l'origine dès 1979, se fonde sur une analyse comparée de législations existantes en matière de droits des femmes en Europe. L’adoption, au niveau européen, d’un « bouquet législatif » composé des lois les plus avancées pour les citoyennes européennes en constitue la finalité concrète.

 

 

 

Selon les termes de Gisèle Halimi, ce bouquet législatif vise à « unir, par le droit, les femmes aux femmes. Un droit européen unique pour 253 millions de citoyennes. Un formidable symbole, une force exemplaire, un potentiel de synergie important. Ce bouquet législatif, composé des lois les plus avancées en pratique aujourd'hui en Europe pourrait, devrait évoluer vers le meilleur, vers le progrès, tout en restant la loi européenne des femmes. Toujours dans la même démarche analytique et collective ». (La CEPF, Ed Des Femmes, p16)

 

 

 

Mme la Secrétaire d’Etat chargée de l’égalité entre les femmes et les hommes -qui, malgré nos demandes répétées, n'a jamais pris le temps de nous recevoir- vient d'annoncer sur son site que « L’égalité entre les femmes et les hommes constitue ainsi une des priorités de la Présidence française du G7".

 

 

 

Elle précise qu’avec « l’appui du Conseil consultatif, la Présidence française identifiera un ensemble de lois parmi les plus favorables aux femmes dans le monde. Ce bouquet législatif sera soumis aux Etats du G7. Il leur sera proposé de s’engager à adopter ou à s’inspirer d’au moins une loi de ce recueil de législations en faveur des femmes. »

 

 

 

Nous nous réjouissons de cette adhésion tardive à un principe que nous promouvons depuis plus de quinze ans. Le Ministère des Affaires européennes ayant senti l'intérêt de cette idée a déjà soutenu une consultation européenne sur cette question, tandis que des conseillers de l'Elysée ont relayé auprès du Président de la République, ce projet que nous leur avions présenté.

 

 

 

Cependant, nous déplorons que ces mêmes conseillers, organisateurs français du G7 reprennent, eux aussi, en leur nom, le concept et les mots forgés par Gisèle Halimi sans jamais la mentionner, ni nous mentionner.

 

 

 

Nous déplorons de même que ni Gisèle Halimi, ni nous-mêmes, co-rédactrices de la Clause et animatrices du site yeswomen.eu n’ayions été invitées à faire partie du Conseil consultatif : nous travaillons depuis quinze ans sur ce sujet et possédons une expertise européenne.

 

 

 

Nous nous étonnons d'autant plus de cette ostracisation de notre travail, qu'à l’heure du Grand Débat, le Chef de l'Etat ne cesse d’invoquer sa volonté d’écouter la société civile. L'écouter n'est pas la spolier de ses idées mais de permettre que nous puissions les co-construire ensemble.

 

 

 

Nous déplorons enfin que la Présidence française du G7 reprenant les termes de ce projet, le vide de son contenu. Le "bouquet législatif" inventé par Gisèle Halimi pour que le meilleur de l'Europe profite aux femmes était initialement un projet européen, global et un dispositif législatif contraignant.

 

 

 

Nous demandons donc au Président de la République Française et à la Présidence du G7 qu'ils reconnaissent en l'avocate Gisèle Halimi, l'auteure de ce concept qu'ils galvaudent et nous leur demandons de le mettre en oeuvre, dans une stricte compréhension de ce qu'était à l'origine La Clause de l'Européenne la plus favorisée : un projet européen, global et contraignant, sans le dénaturer ou le vider de sa substance.

 

 

 

Les combats de l'une des plus grandes figures du féminisme en France, Gisèle Halimi, méritent mieux que cette récupération.

 

 

 

 A Paris, le 1er mars 2019